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Song:Hommes Liges des Talus en Transe (Morceaux choisis)
Album:Routes - 3 - FolkGenres:Folk
Year:1997 Length:314 sec

Lyrics:

Il pleut sur les coqs de bruy�re
Il pleut sur les constellations de bouleaux blancs
Il pleut sur les charrues matinales barbouill�es de terre glaise
Il pleut sur le pain chaud au sortir des fours visit�s d'un gros feu tranquille
Il pleut sur le poitrail des chevaux rubiconds
Il pleut � verse sur la pelouse des toits lacustres baign�s de merles et de bouvreuils
Il pleut sur les femmes obstin�es � emplir les �glises par l'entonnoir des porches
Il pleut sur les planchers d'aiguilles de sapin sur l'escalier des mousses remu�es de salamandres
Il pleut sur le lac tranquille des �mes simples
Il pleut sur les hommes lourds et muets

Je m'�veille
Et je m'assois sur les talus limpides
Et je m'installe sur la fesse des montagnes de laine
Et je compte
Et je compte
Las de l'exil
J'approche de la table, le banc
Et � la clart� des couteaux
Je laisse plonger en moi les racines du pain

Plus loin que les matins de globules rouges
Plus loin que le sang caill� des bruy�res o� rament les �perviers
Plus loin que les li�vres blancs et gris et que les chemin�es qui reprennent haleine
Plus loin que les courts matins d'hiver qui voient passer dans l'Sil des enfants la caresse des �tangs sauvages
Plus loin que les chevaux qui hennissent rouge au cSur des patries effiloch�es
Plus loin que la v�g�tation des col�res inextricables qui lancent leurs lianes parmi les hommes en d�molition
Plus loin que les migraines velout�es qui grattent et qui mordent
Plus loin que les aurores bor�ales br�l�es de banquises � la rencontre des pays de ros�e
Plus loin que les destins lim�s � ras de rotule
Plus loin que la braise flambante de l'Sil

Le silence
Le champ clos du silence
La fermentation du silence
Qui butte contre les vitres

Hommes je vous parle d'un temps qui nous appartenait plus
Mais d'un temps art�sien qui sourd au moindre coup de pioche
Je vous parle du temps o� l'on b�tissait les for�ts
Du temps o� chaque fleur recevait des hommes le sel du langage
Du temps o� cette terre �tait hant�e d'un peuple solennel
C'�tait du temps o� l'homme �tait un fr�re pour l'homme
O� les hommes se disaient bonjour du haut de leurs collines
O� les hommes chaque matin saluaient le lait de la pluie

J'ai compt�
La rose du ciel vert
Les nasillements d'hirondelles � ras de chemin�e
Les impulsions d'aubes feuillues chez les hommes qui naissent � eux-m�mes
La d�possession d'une patrie enti�re


Et au bout de l'oc�an
Les cocons de nuit
La course droite des sangliers
La plainte des moissons moisies tram�es d'insectes vid�s
Au bout de l'oc�an
Les campagnes fugueuses et les villages en quinconce d�bordant du fatras des moissons
Au bout de l'oc�an
Le poil humide des chevaux de cristal
Le corail des lavoirs et des sources
Les chiens roux lisses de sommeil
Au bout de l'oc�an
La machine des bocages explosifs
Les gradins de l'aurore parmi les arbres craquants
Au bout de l'oc�an
Le rire des sauterelles
Le maquis des congres et des lamproies
La connaissance ininterrompue de la mort
Au bout de l'oc�an
L'�tablissement des hommes lucides
Inventant une patrie d�lib�r�e
Dressant sur les promontoires des villes de pierre des animaux de chair
Au bout de l'oc�an
Les reflets battus d'oiseaux rares
Le sifflement de la vapeur dans les poumons et les poignets tendus
Au bout de l'oc�an
La confusion des paroles et des gestes
La Visitation d'�tranges b�tes br�lantes agit�es de soubresauts
La Visitation massive de boules de feu

Je te crie pays
Pour tes �blouissements d'yeux dard�s
Pour tes contrebandes de chaleurs farouches
Tes g�n�alogies englu�es
Tes granits poreux et glac�s
Je te crie pays
Pour tes fouillis de luzerne � fleur de peau
Tes pur-sang purulents qui verdoient de sulfure
Tes murs d'�curie �cras�s par le coups de pied des chevaux
Pour vous tous qui �tes moi
Ou plus encore
Vous tous qui �tes plus que moi
Et je vous entends tourbillonner dans la d�rive des silences gicl�s
Et je crie

Suicides mauves
Derri�re les persiennes clauses
Enfants rachitiques que l'on repousse du bout du pied
Hommes qui traversez la vie comme on traverse un long tuyau humide
Paysans coagul�s tronc � tronc conduisant de la voix les ru�es des troupeaux
Soleils que l'on dirige � bout portant contre le cSur des chevaux
J'ai vu mourir dans la nuit blonde
Les enfants couleur de nacre et les filles brunes surgies du lait
J'ai vu tomber par touffes l'ardoise des toits inertes
J'ai vu prolif�rer les mar�cages aux l�vres des collines
Il faisait un temps de flammes vertes
Un temps de poussi�re d'acier
Un temps d'yeux germ�s
Et j'ai vu sous les porti�res du Ponant
S'effriter les enfants p�les et dilat�s
Lourds h�ritages de fatigue
D'espoirs s�questr�s
De for�ts en gestation
Chroniques blettes de chanteurs vibrant dans la lumi�re des branches
Pays de paille grise
Pays d'humidit� redoublant de violence
Pays d'attente et d'�boulis
Je contemple ce pays b�ti de c�tes et de criques
Cern� de climats douce�tres
Traqu� de tourbes r�volues
Outrepass� de tumeurs p�les et de pustules
O� il n'y a pas de place pour le paysan seigneur des terres immobiles
Pour le prol�taire en usine combattant les n�goces et les engrenages f�roces

Soudain nous prend en route
Le mal taill� en coin
Le mal qui vrille et qui taraude
Le mal qui fore et qui perfore
Le mal qui force chaque pore
Le mal m�che de tari�re
Le mal douleur de vilebrequin
Le mal du pays natal

Mes fr�res, mes fr�res
Hommes br�lants plant�s d'�pines
Hommes tranchants � l'�coute des s�ismographes
Hommes de mon pays et d'ailleurs
Buvez aux geysers de l'humanit�
Appareillez pour de grands hommes lourds de justice
Rassemblez vos propos ac�r�s depuis la pulsation des estuaires
Jusqu'aux profondeurs de l'�table
Hommes simples assis dans votre �table ferm�e
Hommes emp�tr�s de tabous et d'interdits
Je vous entends pourtant cr�piter dans les flammes d�vorantes de l'esprit
Hommes liges des talus en transe et des villages abandonn�s
Hommes brod�s urinant le long des foss�s
Hommes de vieilles candeurs c�l�brant des divinit�s aux joues roses et fan�es
Et vous aussi, hommes des villes collectionneurs de meubles et d'ustensiles
Hommes �maci�s pourrissant sur la muqueuse des villes �trang�res
Vous partagez nos d�mangeaisons de libert�
Hommes puissants disputant la s�r�nit� de l'orgue et des esplanades
Hommes croustillants h�ritiers de toutes l�pres et de toutes famines
Hommes trop humili�s les poings ferm�s de fureur
Terr�s dans le tanin de vos chairs meurtries

Il n'y a pas de pass� en Bretagne
Seulement un imperceptible mouvement des l�vres
Au d�tour de petites phrases anodines et friables
Seulement un pr�sent de grossi�res en justice
Un avenir barr� de violence et de poussi�re
Il n'y a pas de pass� en mon pays
Sinon un bourdonnement d'hommes r�fractaires
Je revois les gen�ts sur l'urine s�che
Les manoirs de quartz entour�s de haies

Mais je ne peux m'asseoir longtemps dans l'herbe
Les d�portations massives continuent
Nous avons chaud � nos fleuves
Nous avons chaud � nos relents d'alcool
Nous sommes un peuple hauts fourneaux
Un peuple coul� d'aub�pine
Nous ne capitulons pas

Je m'arr�te pr�s des herses et des rouleaux
Je m�che mes premi�res pousses de libert�
J'ouvre l'�ventail des champs labour�s
Et notre peuple accompli soudain des r�volutions �tincelantes � la face du monde
Un peuple vaincu s'exerce au maniement des mar�es montantes
Je les vois qui s'assemblent tous sur les places
B�cherons de l'aube arrim�s aux cotres du soleil
D�fricheurs herbus et ruminants jetant les grappins dans un pass� interdit
Ecoliers ternes et appliqu�s �tablissant soudain des relations de cause � effet
Ouvriers analogues s'�veillant avec lenteur au creux des faubourgs crisp�s
Grappes de femmes lourdes enracin�es dans la douleur des hommes
Ouvriers en gr�ve exigeant droit de regard et de pression sur les tubulures du pays
Colleurs d'affiches, vendeurs de journaux, distributeurs de tracts, porteurs de pancartes
Etudiants insolents et nerveux se d�robant avec v�h�mence
Aux haleines f�tides, aux visages craquel�s
Ecoliers rieurs �prouvant du pied le fragile �quilibre de l'eau et du feu
Syndicalistes vingt fois licenci�s aux gestes robustes d'hommes mesurant l'�ternit�
Paysans matraqu�s � bas de leur tracteur qui le soir sortent les livres pr�cieux sur la table
Vous �tes la Bretagne qui vient au feu
Vous �tes la Bretagne qui s'ouvre aux vents du monde
Aujourd'hui je vous le dis
Nous allons proc�der � des glissements de terrain
Il y aura des sursauts de lumi�re dans le brouillard des solitudes
Et l'angle des fen�tres �cumera de foug�res
Alors, nous nous installerons dans l'odeur des charpentes et le soul�vement des toitures
Pour des �meutes de tendresse
Aujourd'hui je vous le dis
Un peuple nouveau �merge lentement qui se m�nage des moissons exemplaires
Un peuple nouveau se d�gage des si�cles gluants
Ce pays chloroform�
Ce pays bruissant d'espoirs clandestins
Rouvre les yeux sur les banlieues surmarines
Que naissent en moi les pluies c�lines
Pour humecter les campagnes polychromes
Que saignent les foug�res frip�es pour le plaisir des hommes qui t�tonnent
Qu'�clatent les bouches captives de mon peuple enfanteur d'hirondelles
Que se redressent les maisons arrach�es � la matrice des frondaisons liquides
Que s'�veille mon peuple aux quatre coins du monde matinal




 

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