Dans un village perdu en haut de la montagne Un vieil homme barbu comme s'il sortait du bagne Les cheveux mal peign�s, mange des araign�es Qu'il sort du fond d'un sac, pendu � son hamac Souvent il l�ve les yeux et regarde les nuages Immobile sur l'image punais�e au milieu D'un parfait cercle rouge, dessin� � la craie Sur un mannequin qui bouge au gr� du vent frais Un b�tard fatigu� est allong� sur un canap� Il bougonne en dormant comme son ma�tre en marchant Vers la porte entr'ouverte qui donne sur la nature Humide, aux temp�ratures qui font toutes les plantes vertes Le vieillard sort de sa poche une dague pointue Qu'il caresse et approche de la t�te d'une tortue Qui se transforme soudain en sainte ou en d�esse Lui saisissant la main avant qu'il ne la blesse Le chien aveugle tra�nant la patte �coute le bruissement De son ma�tre en savates qui le suit lentement Jusqu'au bout de la cour d�serte et puis s'arr�te enfin Quand les roulements d'tambour grondent dans le lointain
Le vieillard �perdu, envahi de remords Sent son corps tout tordu et pourtant indolore Comme un feu merveilleux �claire sa vie d'errance Et en toute innocence, il se voit monter aux cieux Un �clair magn�tique illumine l'horizon Est-ce un message mystique ou un flash sans raison? Dire un dernier adieu aux choses de ce lieu Et l'ermite solitaire s'envole dans les airs